Retour d'expérience exclusif avec Marion Elisé, responsable RSE chez VALDÉLIA
Chez Valdélia, la RSE est l’affaire de tous : une démarche incarnée, structurée et partagée
Nous avons eu l’opportunité d’échanger avec Marion Élisé, Responsable RSE chez Valdelia, un acteur incontournable de l’économie circulaire. Cet éco-organisme, agréé par le ministère de la Transition écologique, assure la collecte, le tri, le réemploi et le recyclage du mobilier professionnel usagé. À but non lucratif, mais organisé comme une entreprise privée, Valdelia incarne une approche de la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) profondément ancrée dans son ADN, illustrant comment l’impact environnemental peut être au cœur d’un modèle économique viable et vertueux.
À travers cet entretien, Marion nous a livré un témoignage riche et concret sur la manière dont la démarche RSE est structurée, animée et incarnée au quotidien au sein de l’organisation.
Elle revient notamment sur les outils mis en place, le rôle du leadership, les enjeux d’appropriation par les équipes, les effets de la labellisation, ainsi que sur les transformations internes et externes que cette démarche a engendrées.
Une stratégie RSE structurée et ambitieuse
Chez Valdelia, la responsabilité sociétale est plus qu’une démarche : elle est indissociable à leur mission :
Marion Élisé : “ll faut se dire que par essence, on a la RSE qui coule dans nos veines(...) on est un éco-organisme; On est agréé par le ministère de la Transition écologique, donc on a une notion d'intérêt public. Pourquoi ? Parce que, en fait, les fabricants et distributeurs et importateurs de mobilier professionnel nous transfèrent leur responsabilité de prise en charge de leur mobilier professionnel usagé ou en fin de vie, pour que nous, on les recycle. Et si on peut leur donner une seconde vie avant le recyclage, ça va être par le réemploi et la réutilisation. On a déjà cette notion environnementale dans notre activité, notre cœur business. “
Au sein de Valdelia de nombreuses actions été mis en place suivants les thématiques de L’iSO 26 0000, la première étape a été de formaliser grâce à un document écrit :
Marion Élisé : “L'ancienne responsable RSE a effectivement formalisé ça sous la forme d'un document écrit, qui correspond aussi aux thématiques qui sont importantes aux yeux de nos parties prenantes, mais ça correspond aussi à nos problématiques et à nos thématiques qui nous sont importantes, nous, stratégiquement parlant. “
Par la suite, il a été important de faire une matrice de matérialité simple, sur laquelle s’appuyer pour formaliser la politique RSE, il était important de mesurer le niveau de maturité avec différents labels :
Marion Élisé : “On a fait le label Lucie 26 000, sur lequel on a eu le niveau Excellence qui allait jusqu'en 2023. Et après, on est passé sur le label engagé RSE de l'AFNOR, pour lequel on a obtenu le niveau confirmé. Mais sachant que là, on a eu la semaine dernière l'évaluation intermédiaire pour voir si notre niveau avait augmenté ou baissé. Et il se trouve que là, ils nous ont annoncé une bonne nouvelle, c'est qu'on est à portée de doigts pour avoir le niveau exemplaire.”
De plus, il y a une réelle envie d'aller plus loin notamment avec la directive CSRD, dans une démarche volontaire, il y a la volonté de s’y soumettre notamment pour plusieurs raisons :
Marion Élisé : “Parce que ça donne un certain niveau d'exemplarité, que ce soit vis-à-vis de. nos adhérents, parce que nos adhérents, qui sont les fabricants et distributeurs de mobilier professionnel, constituent le conseil d'administration de Valdelia, où certains sont soumis à la CSRD. Et donc, on ne peut pas se dire pionnier de l'économie circulaire, référent dans notre domaine, sur tous ces sujets environnementaux, économiques et sociaux, et dire qu'on n'y connaît rien à la CSRD. Ce n'est pas possible. Donc voilà, pour montrer ce niveau de maturité en termes de RSE et d'exemplarité, on a voulu s'y soumettre. “
Il y a une véritable envie de consolider la politique RSE et de la formaliser avec un rapport extra financier et de durabilité en 2026. Pour avoir une démarche rigoureuse il est important pour eux d'effectuer une matrice de double matérialité :
Marion Élisé : “Dès lors qu'on se soumet à cet exercice, ça montre aussi à quel point on est engagés dans la démarche RSE et à quel point on prend au sérieux l'impact, finalement, de notre environnement au sens large, sur notre activité, dans la durée. “
Le label a grandement contribué à structurer la démarche RSE de Valdelia. La labellisation pour un rôle clé dans la mobilisation des équipes et devient un outil managérial et structurant:
Marion Élisé : “Ce que je trouve très bien, c'est que grâce à tout ce qui va être évalué dans l’entreprise, on va pouvoir mobiliser déjà tous les différents pôles de l'entreprise sur toutes les thématiques liées à la RSE. Donc, analyser déjà ce qu'on fait par service sur les différentes thématiques et surtout voir quel axe d'amélioration par service on va pouvoir mettre en place.
Ce sera un levier de motivation pour rappeler que nous disposons du label Engagé RSE et qu'une évaluation est à venir. Est-ce que c'est fait ? Formaliser, bien structurer, cela permet de rendre les choses carrées et surtout écrites et mesurées, avec derrière des indicateurs précis, fiables, mesurables. Et qui permettent de valoriser toutes les actions que mènel'entreprise dans le cadre de sa démarche RSE. Pour moi, c'est super. C'est vraiment un moyen de mesure de la RSE et de mobilisation de tous les services. En fait, ça pousse à l'action.”
L’exemple de Valdelia est particulièrement inspirant. Il montre comment une entreprise peut structurer, renforcer et élargir sa démarche RSE au-delà des obligations, grâce à une volonté stratégique claire, des outils de pilotage solides et une conviction forte du rôle sociétal de l’entreprise.
Une structuration en deux pans : interne et externe
Du côté interne : un plan d’action annuel et transversal
Concrètement la mise en oeuvre passe par un plan d’action opérationnel annuel interne piloté par Marion ÉLISÉ et validé par le président éxecutif, basé sur les thématiques de l’ISO 26000, déployé à travers des actions de sensibilisation variées :
Marion Élisé : “typiquement, Il va y avoir des événements qui sont organisés tout au long de l'année sur les différentes thématiques de l'ISO 26 000 et animés au cours de l'année. Donc ça va être un atelier écofrugal sur la biodiversité, ça va être un quiz de sensibilisation au handicap, ça va être une fresque personnalisée de l'entreprise, avec tous les enjeux RSE del'entreprise, qui va être animée par les salariés pour les salariés, ça peut être la semaine de la QVCT chez Valdelia, ça peut être la mobilité douce, on va faire un process de labellisation avec le label OEPV pour la mobilité douce. Voilà, toutes les actions, toutes les thématiques de l'ISO 26 000 sont déclinées à un plan d'action opérationnel interne et qui est suivi et piloté par moi. Par contre, tout est absolument validé par le président exécutif et surtout, la RSE est transverse, impliquant l’ensemble des pôles.
Marion Élisé : “On travaille avec les différents pôles de l'entreprise. Ça va être effectivement tout le côté RH, pour le côté social, ça va être l'excellence opérationnelle pour tout ce qui est qualité, question des process, etc, ça va être le pôle achat, achat responsable, audit prestataire, très important, dialogue avec les parties prenantes aussi. Et ça va être exemple, la production pour tout ce qui est enquête de satisfaction, mesure du NPS, etc. Voilà, doncça, c'est le côté interne.”
Côté externe : vers plus de dialogue et de transparence
Au niveau du pans externe, l'accent est mis sur le dialogue avec les parties prenantes, via des questionnaires et interviews RSE, avec une volonté affirmée pour 2025. Marion Éliséreconnaît un manque de communication externe mais la démarche volontaire de se soumettre à la CSRD change la donne :
Marion Élisé : “là, on va être vraiment dans du dialogue avec les parties prenantes, du questionnaire RSE, des interviews RSE. Mais ça, c'est vraiment quelque chose sur lequel moi, je veux absolument mettre l'accent en 2025. Et ça va de pair avec la matrice de double matérialité. Donc là, on va vraiment mobiliser nos parties prenantes, les mettre autour de la table et dialoguer avec eux pour avoir aussi leur vision de notre démarche RSE. Parce que ce qui pêche actuellement, c’est clairement identifié, c'est la communication externe de notre démarche RSE. On fait énormément de choses, mais par contre, on ne communique pas dessus. Mais voilà, c'est un choix. C'était un choix jusqu'à présent. Mais là, on ne peut plus se permettre de faire ça. Parce qu'avec la CSRD, cette démarche qu'on va faire même de manière volontaire, on est obligés de dialoguer avec nos parties prenantes et de communiquer vraiment sur nos actions, sur ce qu'on a mis en place. Et de toute façon, avec les indicateurs qu'on a pu lister et tout ce qui va être formalisé, on a de la matière pour produire un rapport RSE et communiquer dessus aussi”
Une dynamique portée par tous : #TousRSE
Chez Valdelia, la RSE n’est pas une affaire isolée. Elle est infusée dans l’ADN de l’entreprise :
Marion Élisé : “La RSE est infusée partout et incarnée par tous. Nous, on a ce hashtag qu’on remet souvent à toutes les sauces sur les coms internes, c’est #TousRSE” Marion insiste sur la nécessité de rendre la RSE concrète pour chaque service :
Marion Élisé : “L'idée, c'est vraiment de rendre concrète la RSE, de savoir ce dont il s'agit et d'arriver à... faire comprendre à chaque service, OK, dans mon pôle, qu'est-ce que je peux faire qui incarne la RSE ? Quelles sont les actions qui vont servir ma démarche RSE ? Et pourquoi ma démarche RSE est-elle importante au niveau de l'entreprise ? Nous, c'est dans notre essence.”
Cette culture est reconnue même par les nouvelles recrues, comme l’atteste Amélie, stagiaire :
Amélie :“Pour avoir fait des stages dans d’autres entreprises, c’est totalement différent et ça se voit que c’est quelque chose qui est ancré. Ce n’est pas du greenwashing.” Un facteur clé ? L’engagement du dirigeant.
Marion Élisé : “C'est vraiment incarné. Moi, c'est ça aussi que je trouve splendide ici. C'est que on a cette chance chez Valdélia d'avoir un président qui embrasse la RSE, qui la porte, qui la fait vivre, qui rappelle à tout bout de champ, c'est de la RSE, on fait de la RSE, et qui nous donne les moyens de déployer cette démarche RSE. Comme le dirigeant porte ces valeurs-là, porte la RSE, eh bien, notre plan d'action opérationnel, il est déployé sans souciDes fois, oui, on se prend des non, mais voilà, c'est pas non plus grave, on trouve d’autres moyens.“
Une posture communicante et fédératrice du responsable RSE
Pour Marion, la réussite de cette démarche repose aussi sur le rôle du/ de la responsable RSE :
Marion Élisé : “C'est ça qui fait toute la différence. Si le ou la responsable RSE est en capacité de mobiliser les troupes, faire comprendre, vulgariser, montrer les différents concepts et les rendre faciles, simples à comprendre, eh bien, l'embarquement des équipes va se faire assez facilement” Cette capacité à vulgariser, embarquer et expliquer, est selon elle, une des clés de l'adhésion :
Marion Élisé : “Il faut quand même avoir des talents de communicants aussi, pour pouvoir parler des initiatives qu'on met en place. Parce que si on ne sait pas expliquer ce qu'on fait, si on ne sait pas valoriser nos actions, c’est compliqué”
Transformation organisationnelle : plus prise de conscience que de rupture
À la question de savoir si le processus de labellisation a entraîné des transformations, Marion tempère, soulignant que la RSE était déjà ancrée. Pour elle l’’évolution ne réside pas tant dans un changement organisationnel mais dans une dynamique de prise de conscience, qu’elle considère comme “le plus important et le plus impactant”. Cette prise de conscience se manifeste dans les échanges entre services, les fresques RSE et une vision systémique :
Marion Élisé : “On observe de la mise en commun, des échanges entre services. Là, on est en train de faire la fresque personnalisée de l'entreprise. Clairement, comme on mesure des impacts divers et variés de certaines thématiques avec des indicateurs, oui, on va travailler ensemble pour les trouver et s'interroger ensemble, faire comprendre aussi quel impact l'entreprise a sur son environnement, au sens large et quel impact l'environnement au sens large a sur l'entreprise. Donc, voilà, c'est plutôt cette prise de conscience des populations plutôt qu’un gros changement.
Une vision long terme au service de l’économie circulaire
L’engagement de Valdelia se traduit aussi dans sa mission en tant qu’éco-organisme: “promouvoir l’économie circulaire, transformer les modèles économiques” :
Marion Élisé : “Notre credo, c'est vraiment de promouvoir l'économie circulaire, faire travailler, par exemple, des structures de l'économie sociale et solidaire, donc des personnes qui sont en insertion, des personnes en situation de handicap, aider les entreprises à minimiser leur impact environnemental en leur proposant des solutions de seconde vie pour leur mobilier et transformer les business models de nos adhérents, donc les fabricants et les distributeurs de mobilier pro, pour qu'ils transitionnent vers un modèle circulaire. C'est-à-dire que dans leur process de fabrication, comment ils vont réussir à proposer une offre de mobilier circulaire et de ne pas produire avec de l'extraction de ressources : bois, par exemple, pour fabriquer les meubles et mobilier pro, utiliser plus de matières recyclées dans la fabrication de produits. Il y a toute cette notion de moteur de filière à faire changer les mentalités, à faire changer les fabricants et distributeurs, à faire changer les pratiques, optimiser aussi le changement des camions quand ils sont collectés et qu'ils partent vers les centres de traitement.”
Le label RSE, un atout dans la relation avec les parties prenantes
Si le statut d’éco-organisme inspire déjà la confiance, le label RSE vient renforcer la crédibilité de Valdelia :
Marion Élisé : “Alors, nous, vu qu'on a le statut d'éco-organisme, ça, ça leur suffit. C'est quelque chose que je mets, par exemple, dans les attestations et bilans RSE. Voilà, je mets le tampon label engagée, RSE, niveau confirmé et Responsibility Europe mais en soi, ça va être plus demandé dans les questionnaires RSE. Quand il y a des donneurs d'ordre qui nous font remplir des documents ça va être important pour eux. Après, c'est d'une importance capitale pour nos adhérents. Parce que, comme ils sont engagés dans des démarches RSE, forcément, le fait aussi qu'on ait ce label, qu'on ait évalué notre niveau de maturité, c'est important. Et donc, du coup, là, nos administrateurs, Ils sont très contents qu'on ait eu ce nouveau niveau, en tout cas qu'on le sache et que ce soit bien piloté. Parce que, pareil, ça montre notre exemplarité comme on est agréé par la ministre de la transition écologique, c'est déjà un gage de confiance et de notion d'intérêt général.”
Formaliser, sensibiliser, co-construire : les clés pour embarquer les entreprises
Pour Marion Élisé, l’un des leviers les plus puissants reste la formation. Marion Élisé : “Leur faire comprendre déjà ce qu'est la RSE. Je pense que ça va se faire grâce à la formation. La sensibilisation est essentielle, clairement. De savoir déjà ce qu'on entend par la RSE et pas le RSE que j’entends à tout bout de champ.”
Elle propose une méthode simple et participative : Marion Élisé : “Il faut s'appuyer vraiment sur les thématiques de l’ISO 26 000, et de voir, par exemple, par même de l'intelligence collective, de se dire, OK, On se prend une demi-journée par exemple, où on réfléchit, on prend ces thématiques-là, et on se dit qu'est-ce qu'on met en place, nous, par exemple, pour réduire notre impact environnemental, pour les trois piliers de la RSE, et par service. Réfléchir à ce que chacun dans l'entreprise peut faire suite à une formation pour aller dans le sens de la démarche RSE.”
Objectif 2025 : Formalisation et exemplarité
L’avenir de la RSE chez Valdelia est clair : formalisation, transparence et exemplarité :
Marion Élisé : “Je pense que le premier pied à l'étrier, c'est l'engagement volontaire CSRD, voilà, la matrice de double matérialité, donc montrer l'exemplarité. Le rapport de développement durable, ça franchement, c'est ma cerise sur le gâteau, parce que ça formalise vraiment, et, du coup, c'est un support de communication que nos parties prenantes externes vont pouvoir consulter.” Ce rapport aura une double fonction :
Marion Élisé : “On n'est plus sur de l'interne, sur ce qu'on fait nous et notre nombril. Non, ça va être vraiment partagé. Et surtout, on va avoir dans ce rapport ce qui est important pour nos parties prenantes, les enjeux qui sont matériels, qu'est-ce qu'on met en place pour atteindre ces objectifs, et quels moyens, pour quels objectifs. Donc voilà, je pense que c'est vraiment ça. La vision long terme de notre démarche.”
L’exemple de Valdelia démontre qu’une démarche RSE repose sur une dynamique humaine, collective et sincère. Chez Valdelia, la RSE n’est pas un faire valoir, elle est vécue au quotidien par l’ensemble des collaborateurs, incarnée à tous les niveaux de l’organisation, du comité exécutif jusqu’aux stgiaires, et pilotée avec engagement et pédagogie.
Comme le résume Marion Élisé : “la RSE est infusée partout et incarnée par tous”. Ce travail de fond, parfois invisible, parfois complexe, devient un moteur de transformation, pour le secteur et de fierté collective pour l’entreprise. Il illustre l’importance de la formation, de la transversalité et d’un leadership engagé pour faire une stratégie RSE durable et partagée.
Alors que la CSRD et les exigences de reporting se généralisent, Valdelia prend une longueur d’avance en plaçant ses parties prenantes au cœur de son processus de double matérialité.