Chez Valdelia, la RSE est l’affaire de tous : une démarche incarnée, structurée et partagée
Nous avons eu l’opportunité d’échanger avec Marion Élisé, Responsable RSE chez Valdelia, un acteur incontournable de l’économie circulaire.
Cet éco-organisme, agréé par le ministère de la Transition écologique, assure la collecte, le tri, le réemploi et le recyclage du mobilier professionnel usagé. À but non lucratif, mais organisé comme une entreprise privée, Valdelia incarne une approche de la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) profondément ancrée dans son ADN, illustrant comment l’impact environnemental peut être au cœur d’un modèle économique viable et vertueux.
À travers cet entretien, Marion nous a livré un témoignage riche et concret sur la manière dont la démarche RSE est structurée, animée et incarnée au quotidien au sein de l’organisation. Elle revient notamment sur les outils mis en place, le rôle du leadership, les enjeux d’appropriation par les équipes, les effets de la labellisation, ainsi que sur les transformations internes et externes que cette démarche a engendrées.
Une stratégie RSE structurée et ambitieuse
Chez Valdelia, la responsabilité sociétale est plus qu’une démarche : elle est indissociable de leur mission :
« La RSE est intrinsèquement liée à notre mission : en tant qu’éco-organisme agréé par l’Etat, nous remplissons une mission d’intérêt général. Nous donnons une seconde vie au mobilier professionnel que nous collectons auprès des entreprises de tout secteur d’activité et des collectivités, par le biais du réemploi et du recyclage. Cette responsabilité environnementale fait partie de notre cœur d’activité. »
Au sein de Valdelia de nombreuses actions ont été mises en place, basées sur les 7 piliers de la norme ISO 26 0000, en formalisant dans un premier temps la politique RSE de l’éco-organisme :
« Une première structuration de notre démarche RSE s’est produite avec la rédaction de notre politique RSE. Celle-ci répond à la fois aux attentes de nos parties prenantes et à nos enjeux internes prioritaires, avec une vraie cohérence stratégique. »
Par la suite, il a été important de faire une matrice de matérialité simple, sur laquelle s’appuyer pour corroborer la politique RSE. Et enfin, il a paru important aux yeux de Valdelia de mesurer le niveau de maturité RSE grâce à différents labels :
« Nous avons d’abord obtenu le Label Ecocert 26000 (niveau Excellence) en 2022, puis le label Engagé RSE de l’AFNOR (niveau Confirmé), en 2024. Lors de notre dernière évaluation intermédiaire datant d’avril 2025, une belle perspective s’est dessinée : le niveau Exemplaire est à portée de main. »
Le label a grandement contribué à structurer la démarche RSE de Valdelia. La labellisation joue un rôle clé dans la mobilisation des équipes et devient un outil managérial et structurant :
« L’évaluation externe est un excellent levier de mobilisation interne. Elle nous permet de structurer notre démarche, d’identifier les actions menées par chaque pôle et de définir des axes de progrès. C’est un outil de pilotage puissant, qui renforce la transversalité et donne de la lisibilité à nos efforts grâce à des indicateurs fiables et mesurables. »
En outre, on note une réelle envie d'aller plus loin, en particulier avec l’adoption de la directive CSRD pour Valdelia, de manière volontaire. Plusieurs raisons justifient ce choix :
« Il en va de notre crédibilité : en tant qu’acteur de référence de l’économie circulaire, nous devons faire preuve d’exemplarité. D’autant plus que nos adhérents – fabricants, distributeurs et importateurs de mobiliers professionnels -dont certains sont soumis à la CSRD – siègent à notre conseil d’administration. Impossible, dans ce contexte, de ne pas maîtriser les enjeux réglementaires et stratégiques liés à la RSE. »
Pour finir, on comprend également une véritable envie de consolider la politique RSE en la formalisant avec la publication d’un rapport de durabilité prévu pour 2026. Pour avoir une démarche rigoureuse il est important pour eux d'effectuer une matrice de double matérialité, découlant aussi de l’adoption de la CSRD :
« S’inscrire dans cette logique montre clairement à quel point nous prenons au sérieux l’impact de notre Environnement (au sens large) sur notre activité, dans une perspective durable. Cela rend visible notre engagement. »
L’exemple de Valdelia est particulièrement inspirant. Il montre comment une entreprise peut structurer, renforcer et élargir sa démarche RSE au-delà des obligations, grâce à une volonté stratégique claire, des outils de pilotage solides et une conviction forte du rôle sociétal de l’entreprise.
Une structuration en deux pans : interne et externe
Du côté interne : un plan d’action annuel et transversal
Concrètement, le déploiement de la stratégie RSE passe par un plan d’action opérationnel annuel interne piloté par Marion ÉLISÉ et validé systématiquement par le président exécutif Arnaud HUMBERT-DROZ. Il se base sur les thématiques de l’ISO 26 000 et se déploie à travers des actions de sensibilisation variées :
« Notre feuille de route RSE est déclinée tout au long de l’année à travers des événements thématiques : Ateliers Ecofrugal (par exemple sur la biodiversité), quiz sur les handicaps visibles et invisibles, fresque RSE personnalisée construite par et pour les salariés, semaine de la QVCT, mobilité douce… Toutes les dimensions de l’ISO 26000 sont abordées, de manière opérationnelle et engageante. » et surtout, la RSE est transversale, impliquant l’ensemble des pôles :
« Nous collaborons étroitement avec l’ensemble des pôles : RH pour le volet social, excellence opérationnelle pour la qualité et les process, achats pour la partie achats responsables et audits de prestataires, ou encore production pour les indicateurs de satisfaction (NPS). La démarche est profondément transversale. »
Côté externe : vers plus de dialogue et de transparence
Sur le plan externe, l'accent est mis sur un renforcement du dialogue avec les parties prenantes en 2025. Marion Élisé reconnaît un manque de communication externe mais la démarche volontaire de se soumettre à la CSRD change la donne :
« En 2025, nous allons renforcer notre dialogue avec les parties prenantes, notamment via des questionnaires et des entretiens RSE, en lien avec la matrice de double matérialité. Jusqu’à présent, nous communiquions peu sur notre démarche, par choix. Mais avec la CSRD, cela devient incontournable. Nous avons les indicateurs, les actions, les éléments formalisés : il est temps de produire un rapport RSE structuré, lisible et partagé. »
Une dynamique portée par tous : #TousRSE
Chez Valdelia, la RSE n’est pas une affaire isolée. Elle est infusée dans l’ADN de l’entreprise :
« La RSE est omniprésente dans notre culture d’entreprise, elle est portée collectivement. Nous aimons le rappeler en interne avec cet hashtag fédérateur : #TousRSE. »
Marion insiste sur la nécessité de rendre la RSE tangible pour chaque service :
« Notre ambition est de rendre la RSE concrète et accessible à chacun. Chaque service doit pouvoir se poser la question : "Que puis-je faire, à mon niveau, pour contribuer à cette démarche ? C’est en ancrant ces réflexes dans le quotidien que la RSE prend toute sa valeur. »
Cette culture est même reconnue par les nouvelles recrues, comme l’atteste Amélie Roger, stagiaire RSE chez Valdelia : « Ayant déjà effectué des stages dans d'autres structures, je vois vraiment la différence ici. Chez Valdelia, la démarche RSE est authentique et profondément ancrée dans les pratiques. On sent que ce n’est pas une vitrine, encore moins du greenwashing, mais une réelle volonté de faire les choses avec cohérence et impact. »
Un facteur clé ? L’engagement du dirigeant :
« Ce qui fait la force de notre démarche, c’est le soutien actif de notre direction. Notre président incarne pleinement la RSE, il la promeut, l’intègre dans chaque projet. Grâce à cet alignement stratégique, nous déployons notre plan d’action avec efficacité. Il arrive que certaines idées soient retoquées, mais cela ne freine pas notre dynamique : on trouve d’autres leviers. »
Une posture communicante et fédératrice du / de la responsable RSE
Pour Marion, la réussite de cette démarche repose aussi sur le rôle du/ de la responsable RSE :
« Le rôle du / de la responsable RSE est d’être à la fois une personne ressource et pédagogue. Il faut savoir embarquer les équipes, vulgariser les concepts, donner du sens. C’est cette capacité à créer l’adhésion qui fait toute la différence. »
Cette aptitude à rendre les sujets accessibles et à embarquer, est selon elle, l’une des clés de l'adhésion :
« Une bonne stratégie RSE ne vaut rien si elle n’est pas valorisée. Il faut savoir raconter ce que l’on fait, expliquer nos actions, en montrer la portée. La communication est une compétence clé dans ce métier. »
Transformation organisationnelle : plus prise de conscience que de rupture
À la question de savoir si le processus de labellisation a entraîné des transformations, Marion tempère, soulignant que la RSE était déjà ancrée dans les pratiques de l’organisation. Pour elle l’évolution réside dans une dynamique de prise de conscience, qu’elle considère comme “l’élément le plus important et le plus impactant”.
« La fresque RSE personnalisée de Valdelia est un bon exemple de prise de conscience et de coopération interservices puisqu’elle est coconstruite collectivement. C’est en partageant nos impacts et des indicateurs que chaque pôle suit que nous prenons conscience de notre rôle, à la fois sur notre Environnement et de l’influence que celui-ci exerce sur nous. Cette prise de conscience, c’est déjà une transformation. »
Une vision long terme au service de l’économie circulaire
L’engagement de Valdelia se traduit aussi dans sa mission d’éco-organisme : “promouvoir l’économie circulaire, transformer les modèles économiques” :
« Notre mission est de promouvoir activement l’économie circulaire à travers l’ensemble de nos actions. Cela passe notamment par les partenariats noués avec les structures de l’économie sociale et solidaire – qui emploient des personnes en insertion ou en situation de handicap – mais aussi par l’accompagnement des entreprises dans la réduction de leur impact environnemental, en leur proposant des solutions concrètes de seconde vie pour leur mobilier professionnel.
Nous travaillons également à faire évoluer les modèles économiques de nos adhérents (fabricants, distributeurs et importateurs de mobilier pro), afin qu’ils intègrent pleinement les principes de l’économie circulaire. Certains d’entre eux ont pu suivre un programme d’accompagnement à l’économie de la fonctionnalité et de la coopération, par exemple, en partenariat avec Terres d’EFC Occitanie et Valdelia.
Notre rôle est aussi d’agir en tant que moteur de filière : faire évoluer les mentalités, les pratiques industrielles, les logiques déjà établies. C’est cette transformation globale que nous impulsons au quotidien. »
Le label RSE, un atout dans la relation avec les parties prenantes
Si le statut d’éco-organisme est déjà un gage de confiance, un label RSE vient renforcer la crédibilité de Valdelia :
« En tant qu’éco-organisme, notre statut est déjà un marqueur de responsabilité. Mais les labels comme celui de l’AFNOR (« Engagé RSE ») viennent renforcer cette reconnaissance. Ils sont plus qu’utiles pour reconnaître notre démarche et permettent de répondre aux exigences des donneurs d’ordre ou aux questionnaires RSE auxquels nous sommes soumis. »
Formaliser, sensibiliser, co-construire : les clés pour embarquer les entreprises
Pour Marion Élisé, l’un des leviers les plus puissants reste la formation :
« La sensibilisation est un préalable indispensable. Il est essentiel de commencer par expliquer ce qu’est réellement la RSE, au-delà des idées reçues. La formation joue ici un rôle central. »
Elle propose une méthode simple et participative :
« L’intelligence collective est un formidable levier. En mobilisant les équipes sur les sept questions centrales de l’ISO 26000, on fait émerger des idées concrètes, par service, pour agir sur les trois piliers de la RSE. Il suffit parfois d’une demi-journée pour faire jaillir des solutions simples et puissantes. »
Objectif 2025 : Formalisation et exemplarité
L’avenir de la RSE chez Valdelia est clair : formalisation, transparence et exemplarité :
« Pour moi, l’engagement volontaire dans la CSRD est une avancée majeure. La formalisation de la matrice de double matérialité et du rapport de développement durable représente un tournant : cela ancre notre stratégie dans la durée et fournit un support de communication structurant. C’est la cerise sur le gâteau. »
Ce rapport aura une double fonction :
« Nous passons d’une logique interne à une logique partagée, tournée vers l’extérieur. Le rapport RSE deviendra alors le reflet de ce qui compte pour nos parties prenantes, des moyens que nous mobilisons, et des objectifs que nous nous fixons. Il porte notre vision à long terme. »
L’exemple de Valdelia démontre qu’une démarche RSE repose sur une dynamique humaine, collective et sincère. Chez Valdelia, la RSE n’est pas un faire-valoir, elle est vécue au quotidien par l’ensemble des collaborateurs, incarnée à tous les niveaux de l’organisation, du comité exécutif jusqu’aux stagiaires, et pilotée avec engagement et pédagogie.
Comme le résume Marion Élisé : “la RSE est infusée partout et incarnée par tous”. Ce travail de fond, parfois invisible, parfois complexe, devient un moteur de transformation, pour le secteur et de fierté collective pour l’entreprise. Il illustre l’importance de la formation, de la transversalité et d’un leadership engagé pour faire une stratégie RSE durable et partagée.
